D'abord modeste inséré de 24 pages dans le magazine Le Temps fou, La Vie en rose est rapidement devenue l'une des publications alternatives les plus lues au Québec. De 1980 à 1987, le magazine a jeté un regard ironique, acéré et féministe sur l'actualité politique, sociale et culturelle de la belle province. Encore aujourd'hui, presque 25 ans après sa disparition, La Vie en rose demeure l'une des initiatives féministes les plus importantes au Québec. Dans « Les mots de désordre », Marie-Andrée Bergeron s'intéresse aux 50 éditoriaux de l'incorrigible magazine. Sa lecture, sous forme de commentaire, met en relief le propos de ces textes percutants et permet d'en saisir les subtilités qui, faut-il le rappeler, passent souvent par l'ironie et l'humour. L'originalité et la pertinence de cet ouvrage tiennent dans l'analyse des textes en regard de l'ensemble de l'entreprise éditoriale. Il s'agit de comprendre chaque texte dans son contexte particulier, certes, mais aussi de l'inscrire dans un parcours en le situant sur une ligne éditoriale qui, loin de stagner, évolue au fil des années. Et c'est précisément la mise en recueil qui permet de voir ce qui se maintient dans la périodicité, à la fois les avatars du discours et la manière dont il progresse. La presse libre publiée en format papier est de plus en plus rare. Et force est de constater que, comme en 1980, lors de la publication du premier numéro de LVR, « nous évoluons dans un monde où les communications sont de plus en plus centralisées et uniformisées ». C'est pourquoi relire les éditoriaux souvent irrévérencieux de La Vie en rose n'est pas qu'un retour en arrière, mais bien une façon de raviver notre esprit critique, et libre. | Les mots de désordre by Marie-Andrée Bergeron, Perfect | Indigo Chapters